Le Parti de Gauche (PG) de Jean-Luc Mélenchon prétend avoir gagné le congrès du Parti de Gauche Européen (PGE) sur plusieurs points mais décide de suspendre sa participation à ce parti… La raison dans un communiqué plutôt clair:
Le Congrès vient de renouveler Pierre Laurent à la présidence du PGE. Cette décision complique lourdement notre tâche en France. La clarté de notre campagne des européennes ne doit pas être mise en danger par la stratégie portée par Pierre Laurent de rejoindre la liste du PS aux municipales à Paris. Rien ne doit venir brouiller le sens politique du vote pour nos listes. Nous décidons donc de suspendre notre participation au PGE jusqu’aux élections municipales.
En gros, le PG est content que le grec de Syriza, Alexis Tsipras, soit le candidat à la présidence de la Commission européenne du parti lors des élections européennes… mais ne supporte pas qu’un Français soit président de ce parti. C’est d’autant plus paradoxal en apparence que sa motion est arrivée en tête, motion que le Parti Communiste Français n’avait pas signée…
En fait, le Parti de Gauche se sent bien dans ses baskets pleines de radicalité, même si cela n’est pas forcément très payant dans le système électoral français pour les législatives ou la présidentielle. Jean-Luc Mélenchon espère aussi se sortir des négociations internes du point de vue idéologique: « l’éco-socialisme » n’est pas vraiment apprécié du Parti Communiste alors que les autres partis européens qui ont le vent en poupe au sein du PGE sont plutôt en accord avec cette vision radicale et qui se veut nouvelle.
Au final, le Parti de Gauche est plutôt logique: le groupe de la gauche radicale au Parlement européen (GUE-NGL) est entrain d’opérer un virage vers une ligne politique réellement commune entre le PGE et l’Alliance de la Gauche verte nordique, ses deux principaux blocs. Le fait que cette partie du Parlement européen soit d’accord pour présenter un candidat est aussi une mini-révolution, plutôt positive. L’électeur européen aura ainsi réellement le choix entre toutes les composantes politiques, à l’exception de l’extrême-droite, pour définir la couleur de la Commission, même s’il est peu probable que la gauche radicale l’emporte.
Le Front de Gauche explose donc sur l’Europe pour des questions de rivalités internes et de grandes différences idéologiques. C’est l’Europe qui aura mis en lumière réellement ce problème de fond qui couvait depuis plusieurs mois. L’Europe est une source de clarté idéologique pour le Parti de Gauche de Mélenchon. Et dire qu’ils vont encore nous dire que l’Europe n’est pas une bonne chose…